Le gouvernement français voulait imposer une surveillance ciblée des messageries comme WhatsApp et Signal, en créant une brèche dans leur système de chiffrement. Mais l’Assemblée nationale a dit non, mettant un coup d’arrêt à un projet jugé intrusif par de nombreux experts et défenseurs des libertés numériques.
Une « porte dérobée » pour lutter contre les trafics
Intégré à la loi Narcotrafic, l’amendement visait à introduire une faille volontaire dans les messageries chiffrées. Objectif : permettre à une tierce partie – potentiellement les autorités – d’écouter les échanges en toute discrétion. Cette mesure, présentée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, devait faciliter la traque des réseaux criminels.
Mais le 20 mars, les députés ont rejeté la proposition. Une décision qui rejoint celles d’autres pays européens. Le Royaume-Uni, par exemple, a reculé face à l’opposition frontale de services comme WhatsApp et Signal, qui refusent de compromettre la sécurité de leurs utilisateurs.
Signal menace de quitter la France
La réaction n’a pas tardé. Meredith Whittaker, dirigeante de Signal, a averti : si l’amendement était adopté, son service se retirerait du marché français. Un message clair, qui a pesé dans le débat.
Le député Éric Bothorel a également pris position, dénonçant une mesure risquée pour la confiance numérique. Selon lui, affaiblir le chiffrement reviendrait à fragiliser l’ensemble du système de communication sécurisé, essentiel pour les citoyens comme pour les professionnels de santé ou les avocats.
Une sécurité pour tous, pas seulement pour les criminels
Pour l’avocat Alexandre Archambault, expert en droit du numérique, cette porte dérobée aurait ouvert la voie à des dérives. « Ce type de faille ne touche pas que les criminels, mais affaiblit la protection de tous », insiste-t-il. Il rappelle que le chiffrement est un pilier de la sécurité informatique et que toute atteinte à ce principe peut avoir des effets de bord importants.
Le dilemme : vie privée ou sécurité ?
Le débat met en lumière une question complexe : comment protéger la société sans sacrifier les droits individuels ? Les forces de l’ordre peinent à surveiller les communications illicites, mais casser le chiffrement reviendrait à poser un problème de sécurité bien plus vaste, avec des risques de cyberattaques ou d’espionnage facilité.
Quelles alternatives sans toucher au chiffrement ?
Face à ce blocage, certains plaident pour le développement d’outils d’enquête plus ciblés : surveillance des métadonnées, infiltration numérique, ou encore exploitation de failles spécifiques aux appareils utilisés. Ces pistes permettraient de lutter contre la criminalité sans compromettre la sécurité globale des communications.
La France, à l’instar de ses voisins, doit désormais repenser sa stratégie. Le rejet de l’amendement est un signal fort : la protection des libertés numériques reste une priorité. Trouver des solutions innovantes pour traquer les criminels sans affaiblir les protections de tous devient une nécessité, à l’heure où la vie numérique est omniprésente.
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