Des millions de téléphones dorment dans nos placards. Inutilisés, oubliés, ils recèlent pourtant une incroyable quantité de métaux rares. Ces composants, essentiels à notre quotidien numérique, sont aussi cruciaux pour les technologies vertes. Alors pourquoi continuent-ils à s’empiler dans nos tiroirs ?
Ce que cachent vraiment nos smartphones
Chaque smartphone contient environ 50 métaux différents. Cobalt, nickel, aluminium, mais aussi terres rares comme le néodyme, utilisés pour faire vibrer ou zoomer nos appareils. Ces matériaux sont extraits à l’autre bout du monde, parfois dans des conditions dramatiques.
Erwann Fangeat, expert à l’Ademe, rappelle que ces composants ne sont pas uniquement utilisés dans l’électronique : on les retrouve aussi dans les éoliennes, les batteries de voitures électriques ou encore les panneaux solaires. Leur exploitation soulève donc des enjeux géopolitiques, notamment parce que la Chine contrôle 90 % de la production mondiale de terres rares.
Des impacts humains et écologiques alarmants
En République démocratique du Congo, des enfants travaillent dans des mines de cobalt, sans protection. À cela s’ajoutent les dégâts environnementaux liés à l’extraction : pollution des sols, destruction des écosystèmes, émissions massives de CO2. Garder un vieux téléphone inutilisé, c’est aussi prolonger indirectement ces dommages.
Que faire de nos anciens téléphones ?
Un smartphone ne devrait jamais finir à la poubelle. Voici ce qu’on peut faire à la place :
- Le réparer : le bonus réparation, proposé par l’État, couvre une partie des frais chez les professionnels labellisés QualiRépar.
- Le revendre ou le donner : les ressourceries et associations peuvent leur offrir une seconde vie.
- Le recycler : des bacs de collecte sont disponibles en supermarché, chez les opérateurs ou en déchetterie. Le site jedonnemontelephone.fr propose un service d’envoi gratuit.
En moyenne, 75 % d’un smartphone est recyclable. Une dizaine de métaux peut être récupérée, évitant d’en extraire de nouveaux.
Allonger la vie des téléphones : l’enjeu numéro un
Fabriquer un téléphone est l’étape la plus polluante de son cycle de vie. Avant même d’arriver dans nos mains, un appareil peut parcourir jusqu’à 160 000 kilomètres, soit quatre fois le tour du monde. En allongeant sa durée d’utilisation, on réduit fortement son impact carbone.
Des marques comme Apple, Samsung ou Xiaomi s’engagent timidement vers une écoconception. Elles utilisent davantage d’énergies renouvelables ou conçoivent des modèles plus facilement réparables. Mais selon Erwann Fangeat, ces efforts sont surtout dictés par la loi Agec de 2020 et les réglementations européennes. La dynamique reste lente face aux objectifs climatiques.
Un petit geste, un grand impact
Changer nos habitudes face aux smartphones, ce n’est pas renoncer au progrès. C’est prolonger leur usage, choisir la réparation, recycler correctement. Ces gestes simples permettent de préserver des ressources stratégiques et de limiter la pollution invisible du numérique. Le potentiel est là, dans chaque téléphone oublié.
Source : Ouest France
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